Le Guide des Grands Parisiens est né de la rencontre entre deux acteurs partageant la même vision du Grand Paris.
Les auteurs
Renaud Charles et Vianney Delourme, cofondateurs du média indépendant Enlarge your Paris, racontent et arpentent depuis plus de 10 ans le Grand Paris, en montrant un autre visage de l’outre-périphérique, loin des clichés habituels sur la banlieue. Un territoire qui, malgré ses 12 millions d’habitants, reste pourtant largement méconnu et qu’ils ont décidé de mettre en lumière avec les journalistes d’Enlarge your Paris. Chaque semaine, ils envoient leur newsletter des sorties du week-end dans le Grand Paris à plus de 80 000 abonnés et organisent régulièrement des randonnées pour faire découvrir les paysages et les trésors culturels de l’autre côté du périph. Car derrière ce terme encore peu usité de Grand Paris se cache une région à la richesse patrimoniale, naturelle et culturelle unique en son genre, source sans fin de rencontres et d’histoires. Le média est épaulé par une agence qui accompagne les acteurs publics et privés du territoire.
L’éditeur
Les Magasins Généraux sont un lieu culturel créé par BETC en 2017 sur les bords du canal de l’Ourcq à Pantin où résonnent la création, les idées et les voix nouvelles. Ils déploient toute l’année une programmation gratuite d’expositions et d’événements, ouverts à toutes et à tous. Les Magasins Généraux cherchent à repérer, soutenir et rendre visible des artistes, créateur·rices, porteur·euses de projets, penseur·euses, militant·es, associations et publics de tous horizons, qui forment l’émergence artistique et culturelle d’aujourd’hui. En s’engageant auprès de ces voix nouvelles, de leurs inspirations, leurs projets et leurs préoccupations, ils veulent devenir un endroit où se retrouvent et prennent vie l’art et les idées de demain. Laboratoire où se croisent les différents champs de la création, les Magasins Généraux sont convaincus que le futur s’invente dans le Grand Paris.
Suivez le guide
Rencontre avec Rémi Babinet, président-fondateur de l’agence BETC et des Magasins Généraux, et avec Renaud Charles et Vianney Delourme, fondateurs d’Enlarge your Paris. Extrait du tiré-à-part des Inrocks, juin 2024, à l’occasion de la sortie du Guide des Grands Parisiens.
La troisième édition du Guide des Grands Parisiens sort en librairie le 25 mai. Pourquoi éditer en 2024 un guide dédié au Grand Paris ?
Rémi Babinet — Car c’est un territoire en formation qui va métamorphoser l’idée qu’on a de Paris ! Le principe de ce guide est de ne pas attendre que ses contours administratifs et politiques soient définis pour s’y promener. Le Grand Paris, c’est juste le nom temporaire d’une nouvelle dimension, de nouvelles circulations à l’intérieur d’un Paris beaucoup plus grand. La ville sort de ses vieilles logiques concentriques, d’autres centres vont apparaître et, autour d’eux, des richesses qu’on va pouvoir découvrir grâce à ce guide. Ce changement de Paris, qui va s’accélérer avec le futur Grand Paris Express, dont les premières gares ouvrent pour les Jeux Olympiques, doit être perceptible à la fois par les Grands Parisiens et les visiteurs français, européens, internationaux. J’ai la chance de présider le fonds de dotation du Grand Paris Express qui soutient le versant culturel de ce métro extraordinaire, avec 200 kilomètres de nouvelles lignes et 68 gares, chacune d’elles associant un artiste et un architecte. La gare de Saint-Denis-Pleyel, l’une des plus importantes du réseau, associe par exemple l’architecte Kengo Kuma et l’artiste française Prune Nourry.
Pourquoi votre agence, mais aussi vous personnellement êtes aussi concernés par le Grand Paris ?
Depuis notre déménagement à Pantin en 2016, la vie de l’agence s’est ancrée dans un environnement qui n’est ni Paris ni la banlieue, une sorte de préfiguration du Grand Paris. Les gens qui y travaillent font déjà partie de cette génération post-périph’ qui entre et sort de Paris au quotidien pour travailler, se cultiver, danser, sans se dire que c’est une expédition. Au rez-de-chaussée, on a conçu l’espace culturel des Magasins Généraux pour qu’il soit accessible à tous, gens de Pantin, de Paris et du Grand Paris. Les équipes des Magasins Généraux collaborent ainsi en permanence avec la Ville de Pantin et le département de la Seine-Saint-Denis pour créer de nouvelles propositions culturelles. J’ai aussi l’honneur de présider le conseil d’administration du Centre national de la danse (CN D), basé à Pantin, qui est un exemple de la vitalité et de la créativité de ce territoire. Pour la troisième année, le CN D organisera ce qu’il baptise “le 1km de danse”. Installés pour une journée le long du canal de l’Ourcq à Pantin, clubs, communautés, associations danseront sur un kilomètre entre le CN D et les Magasins Généraux, une possible préfiguration de ce que pourrait être une fête nationale de la danse.
En quoi ce guide s’inscrit-il aussi dans le projet des Magasins Généraux ?
Les Magasins Généraux font partie de cette nouvelle génération de lieux culturels qui poussent un peu loin du vieux centre historique de la ville, empli de musées classiques et très connus. L’idée est de créer des places accueillantes dans des territoires où l’on n’allait pas pour se divertir ou se cultiver. Le but même du guide est de donner accès à un nouvel espace, de créer une carte mentale pour un lieu en cours de définition : le Grand Paris. Nous nous sommes permis, et ça a été un plaisir, d’inventer les quartiers de ce futur Paris.
Avec la rédaction d’Enlarge your Paris, vous êtes les auteurs du Guide des Grands Parisiens depuis 2018. Comment le Grand Paris et donc l’ouvrage ont-ils évolué ?
Renaud Charles et Vianney Delourme — Ce guide est un projet de longue date. Il a été proposé pour la première fois en 2011. À l’époque, les éditeurs ne voulaient pas entendre parler d’un guide sur la banlieue. C’est sept ans plus tard, grâce aux Magasins Généraux, que l’idée s’est concrétisée. La vocation première était de s’adresser aux habitants. Car le problème de la banlieue est que l’on parle peu d’elle de manière désirable. C’est pourquoi nous avons lancé Enlarge your Paris en 2013, média indépendant qui partage un autre regard sur l’outre-périphérique et qui reste seul sur ce créneau. Ce n’est pourtant pas l’offre qui manque de l’autre côté du périph’, avec quelque 800 lieux de diffusion du spectacle vivant et l’équivalent de 91 000 terrains de foot. Le problème réside dans la méconnaissance et l’image que l’on a de la banlieue. De ce point de vue, les choses ont assez peu changé. Le Guide des Grands Parisiens conserve donc sa raison d’être.
Quelles sont les nouveautés de cette troisième édition ?
À l’occasion des Jeux Olympiques de Paris, dont de nombreuses épreuves vont se dérouler en banlieue, cette nouvelle édition
se montre plus sportive que les deux précédentes avec une rubrique dédiée.Vous saurez où descendre la rivière olympique, où faire du ski nautique avec vue sur la skyline de La Défense, où se mesurer à l’anneau de vitesse des épreuves de cyclisme sur piste, où faire de l’escalade, avec des sites quasiment toujours accessibles en train. Car c’est là l’un des points forts du territoire. Avec 390 gares hors de Paris, l’Île-de- France est sans doute la région la mieux desservie au monde. D’ailleurs, le guide intègre la carte du Randopolitain qui permet de visualiser les sentiers de grande randonnée dans le Grand Paris et les gares qui desservent ces itinéraires.
Découvrir le Grand Paris, c’est aussi faire du tourisme local, une tendance qui se développe depuis la crise sanitaire. C’est aussi dans cette idée que s’inscrit le guide?
Dès l’origine, le guide avait pour vocation de mieux faire connaître le Grand Paris à ses habitants, ce qui répondait à un vrai besoin. Dans un sondage sorti en 2014, 50 % des Franciliens interrogés disaient méconnaître les richesses de l’Île- de-France. Depuis, la crise sanitaire est passée par là et nous avons pu en mesurer les effets sur Enlarge your Paris avec une audience qui a doublé à la suite du confinement. Les limitations de déplacement ont obligé les Franciliens à s’intéresser à ce qu’il y avait autour de chez eux. Un réflexe que certains ont conservé, même si l’imaginaire du tourisme de proximité reste à construire pour changer les habitudes et les attitudes.